Conférence débat consacrée à la réédition de l’ouvrage de Vincent de Gaulejac : «La Névrose de classe»
le mardi 26 septembre 2017 de 14h30-18h à L’Université Denis Diderot (Paris 7) amphithéâtre Turing, Bâtiment Sophie Germain, 8 Place Aurélie Nemours, à Paris
En 1987 Vincent de Gaulejac publie La névrose de classe (aux éditions Hommes et Groupes). Quasiment 30 ans plus tard, en 2016, l’ouvrage est réédité (chez Payot), bénéficiant dans un épilogue inédit d’une lettre d’Annie Ernaux discutant la thèse de l’ouvrage. Cette dernière vise à démontrer comment des conflits sociaux peuvent renforcer et conditionner des conflits psychiques, et réciproquement. La névrose de classe rend compte de conflits d’identité dans lesquels l’individu a le sentiment d’être à la fois tiraillé, clivé de l’intérieur et d’appartenir à des mondes sociaux dissonants, voire antinomiques. L’interdisciplinarité de la problématique de la névrose de classe transparaît dans la reconnaissance du nouage qui s’opère entre des processus psychofamiliaux et intrapsychiques (présence de modèles d’identification contradictoires au sein du couple parental, conflits entre le surmoi et l’idéal du moi…) et des processus sociaux (la mobilité sociale d’individus au sein de sociétés inégalitaires, structurées par des rapports sociaux de domination et d’exploitation). Or, « l’enchevêtrement de ces contradictions dans un ‘‘complexe’’, un ‘‘nœud’’, leur correspondance interactive dans un système qui se ferme sur lui-même, conduisent à produire une structure névrotique qui tend à la répétition, l’inhibition et la résistance au changement ». Ainsi advient une névrose de classe.
Cette conférence-débat est l’occasion de discuter de l’actualité de cette thèse fondatrice de la sociologie clinique. Comment les actuels conflits d’identité dans lesquels sont enfermés de nombreux individus continuent d’être éclairés par cette problématisation multiple échafaudée par Vincent de Gaulejac, autour des concepts de trajectoire sociale, d’historicité, de mobilité sociale, de projet et de roman parental, de complexe d’infériorité ou encore de dissociation du Moi ? Quels réajustements théoriques et méthodologiques y sont aujourd’hui opérés par les sociologues cliniciens, dans le cadre de leurs recherches et interventions ? Comment cette thèse se confronte-elle à divers débats scientifiques, comme l’effacement/le retour des classes sociales ou l’émergence d’une nouvelle économie psychique ?