Soutenance de thèse: « Exister comme sujet, malgré tout. Approche socio-clinique du vécu de femmes chinoises se prostituant en France »

Ting Chen soutiendra sa thèse en sociologie le jeudi 2 décembre 2021 à 14h00 dans la salle 115 du bâtiment Olympe de Gouge de l’Université de Paris, 8 rue Albert Einstein, Paris 13ème arrondissement, devant un jury composé de :

Vincent de Gaulejac, Professeur émérite, à l’Université de Paris – Directeur.

Christophe Niewiadomski, Professeur, à l’Université de Lille – Rapporteur.

Nathalie Zajde, Maitresse de conférences HDR, à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis – Rapporteure.

Fabienne Hanique, Professeure, à l’Université de Paris – Examinatrice

Sabine Delzescaux, Maitresse de conférences, à l’Université Paris Dauphine – Examinatrice

Hélène le Bail, Chercheure, au CNRS, CERI Sciences Po Paris – Examinatrice

 

La soutenance sera suivie d’un pot en accord avec les mesures sanitaires.

 

Pour assister à la soutenance, contacter Ting CHEN : hikariakihabala@hotmail.com

 

Résumé de thèse

La thèse explore le vécu subjectif et l’itinéraire social de femmes migrantes chinoises se prostituant en France. La démarche méthodologique s’appuie sur des récits de vie coconstruits dans une perspective intersubjective. Nous accompagnons ces femmes dans leurs manières d’attribuer du sens aux situations sociales auxquelles elles se trouvent confrontées et en vue d’une réappropriation de leurs expériences collectives et individuelles. A partir des processus de subjectivation qui s’actualisent au cours du recueil des données, nous tentons d’élucider avec elles leurs investissements socio-psychiques et leurs rapports complexes à l’argent, l’amour, l’intimité, la famille, la responsabilité, la liberté, l’histoire, l’avenir, le soi-même et l’autrui… Nous analysons comment ces femmes migrantes tentent de se construire comme sujet de leur histoire, en particulier à travers les réponses qu’elles apportent aux contradictions de leur existence. Face à cela, leurs modalités de socialisation sont envisagées comme des tentatives d’exister, de résister et de créer.

En nous affiliant à une épistémologie clinique en sociologie, nous proposons dans la deuxième partie de la thèse une réflexion sur les apports cliniques dans le processus de recherche. Nous étayons notre réflexion autour de la praxis avec les femmes migrantes chinoises se prostituant, pour bâtir un dispositif en prenant en compte la dimension anthropique, sociologique et psychique, pour accueillir leurs subjectivités afin de travailler ensemble au niveau intersubjectif, subjectif et intrapsychique. Nous allons montrer comment le travail contre-transférentiel dans l’après-coup devient une des conditions dans l’accompagnement de la perlaboration psychique ; et enfin une pensée scénique groupale comme production de connaissances qui transforme les scènes sociales ordinaires en situations analytiques.

Dans une troisième partie, nous replaçons ces récits dans le grand récit socio-historique de la modernisation de la Chine, en situant les trajectoires de ces femmes au cœur du processus de mondialisation et des rapports qui s’établissent désormais entre la société chinoise et l’Occident. Ceci implique la prise en compte d’une articulation entre collectivisme et individualisme à la faveur de laquelle les chinois recourent aujourd’hui à de nouvelles modalités existentielles qui mobilisent des ressources sociales et psychiques spécifiques. Nous entrevoyons donc un sujet qui discute le rapport entre le désir et le social d’une manière différente.