Michel Le Ven vient de nous quitter.
Philosophe et politologue, professeur à l’université fédérale de Minas Gerais, directeur du Centre d’étude, recherche, intervention Ribeirão das Neves, il était président d’honneur du Réseau international de sociologie clinique (RISC) depuis sa fondation.
Né en 1931 à Lilia-Plouguerneau il était le dernier de huit enfants. Dans la tradition des familles catholiques de Bretagne, sa première vocation était de devenir missionnaire. Il étudie la théologie à Rome et devient professeur à l’Institut de théologie de Lyon. En 1965, il part au Brésil, à Belo Horizonte pour fonder la Maison de philosophie et de théologie pour des jeunes de 18 à 25 ans. Il se tourne vers la jeunesse ouvrière catholique au moment où la dictature militaire fait rage. En 1968, il est arrêté, incarcéré, torturé pendant une année. À sa sortie de prison, il retourne à l’état laïc. Il devient professeur et chercheur spécialisé dans l’Histoire du travail au Brésil. Il s’implique dans la fondation du Parti des Travailleurs, le Parti du président Lula. Il sera très actif pour créer un mémorial, à l’Université de Belo Horizonte, pour garder la mémoire de la dictature. Il deviendra une des référence majeure de l’histoire orale. À la demande d’Agnès Vandevelde-Rougale et Pascal Fugier, il nous fera l’honneur de rédiger une notice sur ce thème, avec Rosely Carlos Augusto, dans le Dictionnaire de sociologie clinique.
J’ai eu le plaisir de le rencontrer à plusieurs reprises, en particulier à l’occasion des colloques de sociologie clinique organisés par nos collègues brésiliens. Nos orientations épistémologiques, théoriques et cliniques étaient confluentes. D’où l’idée de lui proposer de devenir président d’honneur du RISC au moment de sa fondation.
Lors de notre dernière rencontre à Belo Horizonte, au moment de son départ à la retraite, il m’avait proposé de donner une conférence à deux voix. Le salle était bondée. Les étudiants lui ont rendu un hommage appuyé pour saluer son départ. Je me souviendrai longtemps de ce moment précieux qui célébrait sa carrière exceptionnelle et l’affection de toute la communauté universitaire à son égard.
C’était une belle personne.
Vincent de Gaulejac
Président du RISC
27 janvier 2021